Résumé & Buts

Gestion de De Bruyne, rencontre avec De Zerbi, appel avec Deschamps… les confidences de Rudi Garcia à la tête de la Belgique

Lors d’un entretien accordé à RMC Sport, l’actuel sélectionneur de la Belgique a affiché les ambitions des Diables Rouges avant le début des qualifications pour la prochaine Coupe du monde 2026. Rudi Garcia en a également profité pour revenir sur son expérience d’entraîneur en France et sa relation avec d’autres sélectionneurs comme Didier Deschamps et Walid Regragui.

À deux jours du début des qualifications pour la Coupe du monde 2026, le sélectionneur de la Belgique depuis mars, Rudi Garcia, a accordé ce mercredi une interview exclusive à RMC Sport.

Ses premiers pas en tant que sélectionneur, le renouvellement de l’effectif belge, son passage à l’OM, ses échanges avec Didier Deschamps… Le manager des Diables Rouges a fait le point sur le nouveau défi de sa carrière depuis le central national de Tubize, le Clairefontaine belge.

Depuis que vous êtes sélectionneur en janvier, comment se passe cette nouvelle vie? On imagine que cela n’a rien à voir avec le métier d’entraîneur de club…

C’est différent d’être sélectionneur par rapport à entraîneur de club. Déjà, j’ai été bien accueilli. C’était aussi une volonté, notamment de Vincent Mannaert, le nouveau directeur sportif de la Belgique, de collaborer. On s’entend bien, on se retrouve sur pas mal de points de vue. Il a le souci du détail, il a du caractère et il est ambitieux.

La Belgique faisait partie de mes possibilités en tant que sélection. Il n’y en a pas beaucoup des sélections parce que certaines sont très patriotiques et ne prennent que des entraîneurs de leur nationalité. La Belgique a été première au classement FIFA pendant six années, même s’ils n’ont jamais gagné de grand tournoi, mais ça prouve qu’ils ont fait aussi beaucoup de très bons résultats. Et depuis 2022, c’est moins bien dans le sens où on est passé huitième au classement FIFA. Mais il n’empêche que ça reste une nation – malgré la taille du pays qui est relativement petite – avec beaucoup beaucoup de qualité.

Je pense qu’on est plutôt outsider que favori maintenant dans les futures compétitions, encore faut-il qu’on s’y qualifie. Mais il y a un gros potentiel et j’avais envie effectivement peut-être un jour de découvrir ce métier de sélectionneur qui reste un métier d’entraîneur mais quand même différent. Il y a un côté frustration parce qu’après la victoire 3-0 contre l’Ukraine à Genk, j’avais envie de revoir mes joueurs le lendemain ou après une journée de repos. Et puis après c’est différent parce que ça t’oblige avec ton staff à synthétiser vraiment ton discours, à aller à l’essentiel, à faire des choix dans ce que tu dois proposer aux joueurs et leur demander.

Mais on parle aussi des meilleurs du pays donc on le voit à l’entraînement, ça percute vite, il y a vraiment de la qualité à tous les niveaux et encore plus je dirais sur le plan offensif avec la Belgique. Je dirais qu’il faut que je trouve une assise défensive, alors pas collective, mais il faut que je trouve une charnière centrale parce que les grands défenseurs centraux de la Belgique ont arrêté: Kompany, Alderweireld et Vertonghen maintenant, Vermaelen avant et Witsel qui est sur la fin aussi.

Comme ces cinq-là ont arrêté, il faut qu’on fasse confiance à une jeune génération et il faut qu’on trouve la charnière adéquate. Je dirais qu’on pourrait jouer à trois derrière, mais on a tellement de talent offensif que ça m’enlèverait un joueur offensif, donc pour l’instant j’ai décidé de jouer à deux, comme ça me plaît relativement aussi. Pour l’instant, ça réussit plutôt bien.

Est-ce que c’est difficile de faire des choix, au risque d’en frustrer certains?

Fred Bompard, mon fidèle adjoint, disait que choisir, c’est renoncer. Effectivement, quand on choisit, on renonce aussi à d’autres choix. On a une liste de 23, donc il faut faire des choix en faveur des uns et ça pénalise d’autres. On essaye d’être juste, on essaye surtout d’avoir un équilibre dans le groupe, dans la sélection, avec des joueurs complémentaires, l’état d’esprit aussi est vraiment très intéressant.

C’est l’avantage aussi d’une sélection, c’est que tu n’as pas de joueurs sous contrat, tu prends qui tu veux. Normalement, on a pris les meilleurs mais encore faut-il que ces meilleurs aient aussi l’état d’esprit collectif qu’on attend d’eux. Pour l’instant, c’est pour ça qu’on est reparti à peu près avec 90% des joueurs qui étaient là en mars. On a vraiment été satisfait du leadership, de l’état d’esprit et de ce qu’ils ont mis sur le terrain en termes d’envie et d’engagement.

Alors quel était votre discours quand vous êtes arrivé, par rapport à une génération qui reste un peu sur une période mi-figue, mi-raisin?

Les derniers temps pour la Belgique ont été compliqués, notamment en Ligue des nations. C’est pour ça qu’on a joué un barrage de maintien en Ligue A de la compétition. C’est vrai qu’on a perdu le premier match 3-1 contre l’Ukraine, alors qu’on menait 1-0 à la pause et que tout allait bien. Finalement, on a pris trois buts en douze minutes, ce qui m’a un petit peu éveillé sur un constat que je n’avais pas spécialement bien évalué: le manque de confiance de cette équipe malgré les grands joueurs qui la composent.

Je crois qu’ils avaient perdu quatre des cinq derniers matchs avant que je n’arrive. Pour la Belgique, c’est assez incroyable. Par conséquent, je me suis attaché entre les deux matchs à leur redonner confiance, à rester zen, tranquille, etc. On a fait quelques changements aussi qui ont apporté du dynamisme. Même en cours de match, les changements ont aussi changé la face du match, parce qu’on était 0-0 à la 70e minute. Quand Alexis Saelemaeckers et Maxime De Cuyper sont rentrés, ça a aussi donné du dynamisme. Tout d’un coup, on a mis trois buts, pas en 12 minutes, mais en 15. Et on n’a pas eu besoin du temps supplémentaire pour se qualifier, ou rester en Ligue A de la Ligue des nations.

En fait, c’était le scénario idéal. Je ne dis pas qu’on était content de perdre à l’aller, mais ça nous a permis de montrer que, sous pression, sans filet, on était capable de faire une remontada. On a survolé le match retour, nos leaders ont été vraiment présents. Romelu Lukaku, qui met un doublé, c’est sûr, mais Kevin De Bruyne aussi, qui vraiment a été un capitaine et un patron, un chef d’orchestre de son équipe, comme on le connaît et comme on l’aime.

D’ailleurs, Kevin, avant d’arriver en sélection au mois de mars avec nous, il ne jouait pas beaucoup avec Manchester City. J’avais envie de lui redonner le sourire, l’envie. Je sais très bien que 2026 pour certains de mes joueurs la dernière occasion pour eux de briller et de porter haut les couleurs de la Belgique: Thomas Meunier qui est à Lille évidemment, on a deux trois joueurs du championnat de France, mais aussi Romelu Lukaku ou Kevin De Bruyne. Je compte vraiment là-dessus et j’ai vu un groupe investi qui a envie de faire des résultats. C’est un groupe qui vit bien en dehors du terrain et qui vit bien sur le terrain parce que les leaders montrent l’exemple et tout le monde suit.

Vous avez des fortes têtes dans votre groupe. Vous l’avez connu par le passé, notamment à la Roma. Est-ce que cela vous plaît?

Vous parlez de grands joueurs à manager comme j’ai pu en connaître évidemment à la Roma ou après avec Cristiano Ronaldo. Oui, il y a des joueurs qui ont gagné la Ligue des champions, je pense à Thibaut Courtois, à Kevin De Bruyne, etc. Il y a des grands joueurs et moi j’ai toujours trouvé que les grands joueurs étaient les plus faciles à manager. Ils sont intelligents, ils le sont sur le terrain, ils le sont en dehors. C’est souvent les plus humbles aussi.

C’est important de s’appuyer sur eux, d’échanger, de leur demander leur avis parce qu’ils ont du vécu aussi. On sait que quand le projet de jeu plaît aux joueurs et qu’ils ont envie de le suivre et qu’ils ont envie de suivre leur coach, oui, on peut faire de belles choses ensemble.

Il y a un garçon que vous auriez pu avoir s’il n’avait pas arrêté sa carrière dans votre effectif, c’est Eden Hazard. Vous l’avez d’une manière différente, comment cela se passe?

On est en contact avec Eden, qui est toujours à Madrid. C’est un peu le grand frère, parce qu’on parlait tout à l’heure de ce qu’ils ont appelé « la génération dorée », qui n’est plus. Il n’empêche qu’Eden connaît encore beaucoup de joueurs qui jouent avec nous. Il y a des petits jeunes qui arrivent parce qu’on a notamment Jorthy Mokio qui vient à peine d’avoir 17 ans, qui est avec nous en sélection. On a le petit Malick Fofana de Lyon qui est là, on a le petit Diego Moreira, on en reparlera tout à l’heure, mais effectivement Eden est un peu le grand frère.

Il est venu sur notre premier match. Il était présent, il est passé à la collation, il a discuté un peu avec les gars. Eden n’est pas spécialement fait pour être dans un staff, c’est un rôle représentatif important parce que c’est l’un des meilleurs joueurs belges de tous les temps, c’était l’un des meilleurs joueurs du monde. Comme on le connaît bien et qu’on a fait des choses fantastiques à Lille ensemble, je ne pouvais pas reprendre la Belgique qu’il ne fasse pas partie à minima du projet. Il l’a fait avec ses conseils de grand frère pour le groupe.

Pourrait-il faire partie de l’aventure durant la prochaine Coupe du monde?

Je ne sais pas. Pour l’instant, il faut qu’on se qualifie. J’ai dit aux joueurs: « Vous ne lisez pas, vous n’écoutez pas, parce que tout le monde va dire qu’il suffit de mettre le maillot de la Belgique, de rentrer sur le terrain pour gagner les matchs, et qu’on est déjà qualifié d’avance. Que nenni comme on dit. Tous les matchs sont difficiles à gagner, la Macédoine on y va vendredi et je pense qu’ils ont perdu aucun de leurs neuf derniers matchs. Ils ont fait nul contre l’Italie à domicile, ils ont fait nul contre l’Angleterre à domicile. C’est une nation difficile à jouer chez elle dans tous les cas.

Le Pays de Galles, l’histoire de l’équipe de Belgique et même « la grande équipe de Belgique », même si elle n’a rien gagné, démontre que ça n’a pas toujours été facile contre le Pays de Galles. Je pense même que s’ils ont loupé un titre, ce n’est pas forcément 2018 où ils sont tombés contre la France et que même s’ils ont fait une grande demi-finale, la France est non seulement allée en finale mais a gagné le Mondial. Mais c’est plus en 2016. Et en 2016, qui sort l’équipe de Belgique en quart de finale? C’est le Pays de Galles. Il faut être méfiant, pas dire sur la bête noire, mais sur une équipe qui ne réussit pas toujours à l’équipe de Belgique.

On veut bien démarrer. Je pense que ce sont nos deux adversaires directs, Macédoine et surtout Pays de Galles. En démarrant très bien, en gagnant en Macédoine et en gagnant à Bruxelles contre le Pays de Galles, on pourrait très, très bien démarrer cette campagne. C’est ce qu’on cherche à faire une difficulté et vous le voyez bien sur toutes les nations: des matchs à cette époque de la saison. J’ai des joueurs qui ont joué 61 matchs cette saison et d’autres qui se sont arrêtés le week-end du 17-18 mai. Quand on va jouer le 6 juin en Macédoine, ça fera trois semaines qu’ils n’auront pas joué.

On a donc fait des séances supplémentaires la semaine dernière, jeudi et vendredi. Il y a des joueurs qui sont venus parce qu’ils avaient besoin de s’entraîner et on voit bien – tout le monde est arrivé lundi – que sur la première séance ou les deux premières séances, c’est un peu difficile à se remettre en route. Il y a quand même l’incertitude pour toutes les nations de savoir comment on sera physiquement vendredi et on espère être bien parce que pour être bien dans son football, il faut être bien physiquement aussi.

On ne connaït pas l’avenir de Kevin De Bruyne. Est-ce que c’est compliqué pour vous en tant que sélectionneur de voir un joueur sur lequel vous comptez énormément dans cette situation? Il faudrait peut-être qu’il soit dans un bon club pour être opérationnel pour le Mondial 2026…

Il y a du pour et des contre sur toutes les destinations puisqu’on a parlé de lui en MLS, c’est vrai que c’est une belle expérience de vie mais en termes de décalage horaire, de longueur de voyage, c’est compliqué de revenir en Europe pour jouer.

On le voit très bien avec nos Sud-Américains, on a beaucoup de Brésiliens et d’Argentins quand on est en club, par exemple Jonathan David à Lille quand il part jouer au Canada. C’est particulier. Je dirais: « Si Kevin tu veux aller en MLS, tu iras après le Mondial ou un peu plus tard ». Cela serait bien qu’il reste en Europe et qu’il continue à jouer des matchs de haut niveau, mais il a un âge aussi où il ne peut plus jouer 60 matchs par saison.

Peut-être un club qui joue la Champions League, qui joue en Europe, ça pourrait être bien. On parle de lui à Naples en ce moment. Je pense que ça pourrait être une bonne destination. Après on a parlé de l’Arabie saoudite, ça peut être très bien aussi, parce qu’il n’y a pas beaucoup de décalage horaire, le voyage n’est pas très très long. Et puis, quoi qu’on en dise, maintenant avec huit étrangers par équipe en Arabie saoudite, il y a des matchs de niveau très intéressant. Pas tous, mais entre les grosses équipes, ça reste intéressant.

On va faire confiance à Kevin De Bruyne pour choisir son avenir, et le plus important, c’est qu’il ait cette envie qu’il continue à jouer, et puis à briller encore avec son équipe nationale.

Vous avez toujours un œil sur le championnat de Ligue 1. Il y a Diego Moreira, qui était un petit peu la surprise de la liste, mais pas pour les observateurs du championnat de France…

Je le prends aussi parce que c’est un binational, et puis c’est pas n’importe quel binational. Il pouvait choisir entre le Portugal et la Belgique, deux grandes nations. Son grand-père et son papa ont été footballeurs, ils ont joué ici en Belgique, ils ont été aussi internationaux. Son grand-père, Helmut Graf, est d’origine allemande, et son papa lui avait décidé de ne pas jouer pour la Belgique, mais de jouer pour une sélection africaine, je crois que c’est la Guinée-Bissau. Le choix était donc cornélien quand même pour Diego.

Depuis que Vincent Mananaert est arrivé avec ses équipes à la tête de la Fédération, on a eu la désagréable surprise de voir qu’il y a quelques joueurs qui ont choisi ou plutôt le Maroc comme Chemsdine Talbi qui joue à Bruges ou la Grèce comme Konstantinos Karetsas qui joue à Genk parce que ces joueurs n’avaient pas été assez considérés par la Belgique et on ne leur avait pas suffisamment fait savoir qu’on voulait vraiment qu’ils jouent avec nous.

Vincent a décidé à juste titre d’essayer de corriger ça, de déjà bien connaître les joueurs qui sont binationaux, il y en a de plus en plus, et ensuite pour ceux dont on estime qu’ils ont le potentiel pour jouer avec l’équipe de Belgique, ce qui est quand même un potentiel assez élevé, de leur faire savoir. C’est pour ça qu’on a eu Diego depuis un moment, Vincent le premier, moi ensuite. On a discuté avec lui, il a aussi discuté évidemment avec son papa et on est ravi qu’il ait choisi de jouer pour la Belgique.

Il est très jeune encore, il a encore besoin de progresser mais le message qu’on lui envoie c’est qu’il est déjà sélectionné et charge à lui ensuite de faire des saisons comme il vient de faire avec le Racing Club de Strasbourg, parce qu’en fait les joueurs, s’ils jouent en club et s’ils se montrent, ils ont toutes les chances d’être en sélection.

Quand on voit le groupe de la Belgique lors des qualifications pour le Mondial, on a tous tendance à se dire, si vous n’êtes pas premier, ce serait un échec. D’autant plus que le premier est qualifié d’office…

Oui, c’est exactement l’objectif qu’on s’est fixé. On ne veut pas jouer de barrage en mars, donc on veut finir premier de la poule en novembre. Il y a huit matchs, il y a 24 points à distribuer. C’est pour ça que je disais tout à l’heure, il faut bien démarrer. Il faut tout faire pour prendre six points sur les deux premiers matchs, de manière à éviter ces barrages de mars et à être qualifié dès novembre et préparer la Coupe du monde.

Je maintiens mes joueurs en éveil. Ils savent très bien qu’il faudra être au meilleur de sa forme collectivement et individuellement, et au meilleur de sa volonté et de son énergie pour gagner ces premiers matchs parce que tout le monde a envie d’aller en Coupe du monde et nos adversaires aussi.

Dans ce métier de sélectionneur, Didier Deschamps a parlé de vous et il a dit que vous l’avais appelé au moment où vous étiez en pleine discussion avec la fédération belge. On se rend compte que c’est quelqu’un que vous appréciez, et comment vous est venue cette idée de l’appeler?

J’ai attendu que ce soit officiel avec la Belgique, et je me suis demandé quels sont les sélectionneurs que je connais qui pourraient me confirmer dans mes idées d’être sélectionneur ou me donner des informations ou des conseils.

Didier évidemment en faisait partie, ça fait quand même je crois 12 ans qu’il est sélectionneur national, il a juste gagné une Coupe du monde et fait une finale de Coupe du monde. C’est évidemment l’un des meilleurs entraîneurs français, si ce n’est le meilleur vu son palmarès.

Je ne l’ai pas seulement appelé, je suis allé le voir. On a discuté et ça m’a confirmé qu’il faut aller à l’essentiel avec une sélection, on n’a pas beaucoup de jours. Ce qui m’a frappé avant l’Ukraine, c’est que j’avais deux jours pour préparer le match aller, deux séances d’entraînement et une seule pour préparer le match retour. C’est quelque chose qui t’oblige à déjà beaucoup travailler à distance, à beaucoup préparer, à beaucoup travailler en vidéo.

J’ai aussi échangé par téléphone avec Walid Regragui, le sélectionneur du Maroc, parce que c’est un peu mon petit. Il a démarré le football avec moi, je l’ai vu grandir, je l’ai accompagné un petit peu et il a fait Ligue 2 et Ligue 1 en France, Santander, Liga espagnole, puis 50 matchs en équipe nationale du Maroc comme joueur de sa sélection. Il est devenu entraîneur national avec le succès et le bonheur qu’on connaît puisqu’il a fait demi-finaliste de la Coupe du monde. J’ai aussi demandé à Walid comment ça se passe pour un sélectionneur au niveau timing, emploi du temps et priorité surtout.

En faisant un peu de science-fiction, vous pourriez affronter la France avec la Belgique. Vous y pensez?

Cela pourrait être marrant d’avoir l’équipe de Belgique en demi-finale, avec l’équipe de France peut-être de Didier Deschamps, le Maroc de Walid Regragui et pourquoi pas le Brésil de Carlo Ancelotti? Cela serait plutôt bien.

Les autres équipes ne vont pas être contentes, mais ça reste de la fiction. On verra bien. Déjà, on n’y est pas en Coupe du monde, il faut déjà s’y qualifier et une fois qu’on sera qualifiés, il sera toujours temps d’afficher nos ambitions et de voir ce qu’on peut y faire.

Roberto de Zerbi, qui a discuté avec vous, a été étonné de vous voir aussi longtemps entraîneur de l’Olympique de Marseille, trois ans. Comment s’est passé cet échange?

Souvent il a été dit que je faisais une année et qu’après je changeais de club mais j’ai juste fait cinq ans à Dijon, cinq ans à Lille, trois ans à l’Olympique de Marseille. Alors à Lyon, c’était un peu plus court parce qu’effectivement il y avait un peu incompatibilité d’humeur pour continuer. Mais à chaque fois que je suis dans un club et c’est ce que je fais avec la sélection nationale de Belgique, je travaille comme si c’était mon dernier engagement professionnel. J’espère rester avec la sélection le plus longtemps possible.

Oui, Marseille est énergivore. Mais c’était bien partout, c’était bien au LOSC, c’était bien à Lyon, c’était bien à Marseille. Et mes expériences à l’étranger, que ce soit bien évidemment Rome, Naples ou même à Al-Nassr, c’était très, très enrichissant.

C’est marrant parce que j’étais à Rome en même temps que Roberto de Zerbi était en mise au vert, en « ritiro », comme ils disent les Italiens, là-bas à Rome et donc il est venu me saluer et ça m’a ça m’a fait sourire quand il m’a dit: « Ah, tu as quand même fait trois ans à l’Olympique de Marseille ». Oui, j’ai fait trois ans et ça m’a beaucoup plu parce qu’on a quand même fait une finale de Coupe d’Europe et qu’on a dû faire 77 points sur un championnat où finalement on a fini quatrième, ça peut arriver aussi de temps en temps.

Propos recueillis par Jean Bommel, à Tubize (Belgique)

Laisser un commentaire

Résumé & Buts

Gestion de De Bruyne, rencontre avec De Zerbi, appel avec Deschamps… les confidences de Rudi Garcia à la tête de la Belgique

Lors d’un entretien accordé à RMC Sport, l’actuel sélectionneur de la Belgique a affiché les ambitions des Diables Rouges avant le début des qualifications pour la prochaine Coupe du monde 2026. Rudi Garcia en a également profité pour revenir sur son expérience d’entraîneur en France et sa relation avec d’autres sélectionneurs comme Didier Deschamps et Walid Regragui.

À deux jours du début des qualifications pour la Coupe du monde 2026, le sélectionneur de la Belgique depuis mars, Rudi Garcia, a accordé ce mercredi une interview exclusive à RMC Sport.

Ses premiers pas en tant que sélectionneur, le renouvellement de l’effectif belge, son passage à l’OM, ses échanges avec Didier Deschamps… Le manager des Diables Rouges a fait le point sur le nouveau défi de sa carrière depuis le central national de Tubize, le Clairefontaine belge.

Depuis que vous êtes sélectionneur en janvier, comment se passe cette nouvelle vie? On imagine que cela n’a rien à voir avec le métier d’entraîneur de club…

C’est différent d’être sélectionneur par rapport à entraîneur de club. Déjà, j’ai été bien accueilli. C’était aussi une volonté, notamment de Vincent Mannaert, le nouveau directeur sportif de la Belgique, de collaborer. On s’entend bien, on se retrouve sur pas mal de points de vue. Il a le souci du détail, il a du caractère et il est ambitieux.

La Belgique faisait partie de mes possibilités en tant que sélection. Il n’y en a pas beaucoup des sélections parce que certaines sont très patriotiques et ne prennent que des entraîneurs de leur nationalité. La Belgique a été première au classement FIFA pendant six années, même s’ils n’ont jamais gagné de grand tournoi, mais ça prouve qu’ils ont fait aussi beaucoup de très bons résultats. Et depuis 2022, c’est moins bien dans le sens où on est passé huitième au classement FIFA. Mais il n’empêche que ça reste une nation – malgré la taille du pays qui est relativement petite – avec beaucoup beaucoup de qualité.

Je pense qu’on est plutôt outsider que favori maintenant dans les futures compétitions, encore faut-il qu’on s’y qualifie. Mais il y a un gros potentiel et j’avais envie effectivement peut-être un jour de découvrir ce métier de sélectionneur qui reste un métier d’entraîneur mais quand même différent. Il y a un côté frustration parce qu’après la victoire 3-0 contre l’Ukraine à Genk, j’avais envie de revoir mes joueurs le lendemain ou après une journée de repos. Et puis après c’est différent parce que ça t’oblige avec ton staff à synthétiser vraiment ton discours, à aller à l’essentiel, à faire des choix dans ce que tu dois proposer aux joueurs et leur demander.

Mais on parle aussi des meilleurs du pays donc on le voit à l’entraînement, ça percute vite, il y a vraiment de la qualité à tous les niveaux et encore plus je dirais sur le plan offensif avec la Belgique. Je dirais qu’il faut que je trouve une assise défensive, alors pas collective, mais il faut que je trouve une charnière centrale parce que les grands défenseurs centraux de la Belgique ont arrêté: Kompany, Alderweireld et Vertonghen maintenant, Vermaelen avant et Witsel qui est sur la fin aussi.

Comme ces cinq-là ont arrêté, il faut qu’on fasse confiance à une jeune génération et il faut qu’on trouve la charnière adéquate. Je dirais qu’on pourrait jouer à trois derrière, mais on a tellement de talent offensif que ça m’enlèverait un joueur offensif, donc pour l’instant j’ai décidé de jouer à deux, comme ça me plaît relativement aussi. Pour l’instant, ça réussit plutôt bien.

Est-ce que c’est difficile de faire des choix, au risque d’en frustrer certains?

Fred Bompard, mon fidèle adjoint, disait que choisir, c’est renoncer. Effectivement, quand on choisit, on renonce aussi à d’autres choix. On a une liste de 23, donc il faut faire des choix en faveur des uns et ça pénalise d’autres. On essaye d’être juste, on essaye surtout d’avoir un équilibre dans le groupe, dans la sélection, avec des joueurs complémentaires, l’état d’esprit aussi est vraiment très intéressant.

C’est l’avantage aussi d’une sélection, c’est que tu n’as pas de joueurs sous contrat, tu prends qui tu veux. Normalement, on a pris les meilleurs mais encore faut-il que ces meilleurs aient aussi l’état d’esprit collectif qu’on attend d’eux. Pour l’instant, c’est pour ça qu’on est reparti à peu près avec 90% des joueurs qui étaient là en mars. On a vraiment été satisfait du leadership, de l’état d’esprit et de ce qu’ils ont mis sur le terrain en termes d’envie et d’engagement.

Alors quel était votre discours quand vous êtes arrivé, par rapport à une génération qui reste un peu sur une période mi-figue, mi-raisin?

Les derniers temps pour la Belgique ont été compliqués, notamment en Ligue des nations. C’est pour ça qu’on a joué un barrage de maintien en Ligue A de la compétition. C’est vrai qu’on a perdu le premier match 3-1 contre l’Ukraine, alors qu’on menait 1-0 à la pause et que tout allait bien. Finalement, on a pris trois buts en douze minutes, ce qui m’a un petit peu éveillé sur un constat que je n’avais pas spécialement bien évalué: le manque de confiance de cette équipe malgré les grands joueurs qui la composent.

Je crois qu’ils avaient perdu quatre des cinq derniers matchs avant que je n’arrive. Pour la Belgique, c’est assez incroyable. Par conséquent, je me suis attaché entre les deux matchs à leur redonner confiance, à rester zen, tranquille, etc. On a fait quelques changements aussi qui ont apporté du dynamisme. Même en cours de match, les changements ont aussi changé la face du match, parce qu’on était 0-0 à la 70e minute. Quand Alexis Saelemaeckers et Maxime De Cuyper sont rentrés, ça a aussi donné du dynamisme. Tout d’un coup, on a mis trois buts, pas en 12 minutes, mais en 15. Et on n’a pas eu besoin du temps supplémentaire pour se qualifier, ou rester en Ligue A de la Ligue des nations.

En fait, c’était le scénario idéal. Je ne dis pas qu’on était content de perdre à l’aller, mais ça nous a permis de montrer que, sous pression, sans filet, on était capable de faire une remontada. On a survolé le match retour, nos leaders ont été vraiment présents. Romelu Lukaku, qui met un doublé, c’est sûr, mais Kevin De Bruyne aussi, qui vraiment a été un capitaine et un patron, un chef d’orchestre de son équipe, comme on le connaît et comme on l’aime.

D’ailleurs, Kevin, avant d’arriver en sélection au mois de mars avec nous, il ne jouait pas beaucoup avec Manchester City. J’avais envie de lui redonner le sourire, l’envie. Je sais très bien que 2026 pour certains de mes joueurs la dernière occasion pour eux de briller et de porter haut les couleurs de la Belgique: Thomas Meunier qui est à Lille évidemment, on a deux trois joueurs du championnat de France, mais aussi Romelu Lukaku ou Kevin De Bruyne. Je compte vraiment là-dessus et j’ai vu un groupe investi qui a envie de faire des résultats. C’est un groupe qui vit bien en dehors du terrain et qui vit bien sur le terrain parce que les leaders montrent l’exemple et tout le monde suit.

Vous avez des fortes têtes dans votre groupe. Vous l’avez connu par le passé, notamment à la Roma. Est-ce que cela vous plaît?

Vous parlez de grands joueurs à manager comme j’ai pu en connaître évidemment à la Roma ou après avec Cristiano Ronaldo. Oui, il y a des joueurs qui ont gagné la Ligue des champions, je pense à Thibaut Courtois, à Kevin De Bruyne, etc. Il y a des grands joueurs et moi j’ai toujours trouvé que les grands joueurs étaient les plus faciles à manager. Ils sont intelligents, ils le sont sur le terrain, ils le sont en dehors. C’est souvent les plus humbles aussi.

C’est important de s’appuyer sur eux, d’échanger, de leur demander leur avis parce qu’ils ont du vécu aussi. On sait que quand le projet de jeu plaît aux joueurs et qu’ils ont envie de le suivre et qu’ils ont envie de suivre leur coach, oui, on peut faire de belles choses ensemble.

Il y a un garçon que vous auriez pu avoir s’il n’avait pas arrêté sa carrière dans votre effectif, c’est Eden Hazard. Vous l’avez d’une manière différente, comment cela se passe?

On est en contact avec Eden, qui est toujours à Madrid. C’est un peu le grand frère, parce qu’on parlait tout à l’heure de ce qu’ils ont appelé « la génération dorée », qui n’est plus. Il n’empêche qu’Eden connaît encore beaucoup de joueurs qui jouent avec nous. Il y a des petits jeunes qui arrivent parce qu’on a notamment Jorthy Mokio qui vient à peine d’avoir 17 ans, qui est avec nous en sélection. On a le petit Malick Fofana de Lyon qui est là, on a le petit Diego Moreira, on en reparlera tout à l’heure, mais effectivement Eden est un peu le grand frère.

Il est venu sur notre premier match. Il était présent, il est passé à la collation, il a discuté un peu avec les gars. Eden n’est pas spécialement fait pour être dans un staff, c’est un rôle représentatif important parce que c’est l’un des meilleurs joueurs belges de tous les temps, c’était l’un des meilleurs joueurs du monde. Comme on le connaît bien et qu’on a fait des choses fantastiques à Lille ensemble, je ne pouvais pas reprendre la Belgique qu’il ne fasse pas partie à minima du projet. Il l’a fait avec ses conseils de grand frère pour le groupe.

Pourrait-il faire partie de l’aventure durant la prochaine Coupe du monde?

Je ne sais pas. Pour l’instant, il faut qu’on se qualifie. J’ai dit aux joueurs: « Vous ne lisez pas, vous n’écoutez pas, parce que tout le monde va dire qu’il suffit de mettre le maillot de la Belgique, de rentrer sur le terrain pour gagner les matchs, et qu’on est déjà qualifié d’avance. Que nenni comme on dit. Tous les matchs sont difficiles à gagner, la Macédoine on y va vendredi et je pense qu’ils ont perdu aucun de leurs neuf derniers matchs. Ils ont fait nul contre l’Italie à domicile, ils ont fait nul contre l’Angleterre à domicile. C’est une nation difficile à jouer chez elle dans tous les cas.

Le Pays de Galles, l’histoire de l’équipe de Belgique et même « la grande équipe de Belgique », même si elle n’a rien gagné, démontre que ça n’a pas toujours été facile contre le Pays de Galles. Je pense même que s’ils ont loupé un titre, ce n’est pas forcément 2018 où ils sont tombés contre la France et que même s’ils ont fait une grande demi-finale, la France est non seulement allée en finale mais a gagné le Mondial. Mais c’est plus en 2016. Et en 2016, qui sort l’équipe de Belgique en quart de finale? C’est le Pays de Galles. Il faut être méfiant, pas dire sur la bête noire, mais sur une équipe qui ne réussit pas toujours à l’équipe de Belgique.

On veut bien démarrer. Je pense que ce sont nos deux adversaires directs, Macédoine et surtout Pays de Galles. En démarrant très bien, en gagnant en Macédoine et en gagnant à Bruxelles contre le Pays de Galles, on pourrait très, très bien démarrer cette campagne. C’est ce qu’on cherche à faire une difficulté et vous le voyez bien sur toutes les nations: des matchs à cette époque de la saison. J’ai des joueurs qui ont joué 61 matchs cette saison et d’autres qui se sont arrêtés le week-end du 17-18 mai. Quand on va jouer le 6 juin en Macédoine, ça fera trois semaines qu’ils n’auront pas joué.

On a donc fait des séances supplémentaires la semaine dernière, jeudi et vendredi. Il y a des joueurs qui sont venus parce qu’ils avaient besoin de s’entraîner et on voit bien – tout le monde est arrivé lundi – que sur la première séance ou les deux premières séances, c’est un peu difficile à se remettre en route. Il y a quand même l’incertitude pour toutes les nations de savoir comment on sera physiquement vendredi et on espère être bien parce que pour être bien dans son football, il faut être bien physiquement aussi.

On ne connaït pas l’avenir de Kevin De Bruyne. Est-ce que c’est compliqué pour vous en tant que sélectionneur de voir un joueur sur lequel vous comptez énormément dans cette situation? Il faudrait peut-être qu’il soit dans un bon club pour être opérationnel pour le Mondial 2026…

Il y a du pour et des contre sur toutes les destinations puisqu’on a parlé de lui en MLS, c’est vrai que c’est une belle expérience de vie mais en termes de décalage horaire, de longueur de voyage, c’est compliqué de revenir en Europe pour jouer.

On le voit très bien avec nos Sud-Américains, on a beaucoup de Brésiliens et d’Argentins quand on est en club, par exemple Jonathan David à Lille quand il part jouer au Canada. C’est particulier. Je dirais: « Si Kevin tu veux aller en MLS, tu iras après le Mondial ou un peu plus tard ». Cela serait bien qu’il reste en Europe et qu’il continue à jouer des matchs de haut niveau, mais il a un âge aussi où il ne peut plus jouer 60 matchs par saison.

Peut-être un club qui joue la Champions League, qui joue en Europe, ça pourrait être bien. On parle de lui à Naples en ce moment. Je pense que ça pourrait être une bonne destination. Après on a parlé de l’Arabie saoudite, ça peut être très bien aussi, parce qu’il n’y a pas beaucoup de décalage horaire, le voyage n’est pas très très long. Et puis, quoi qu’on en dise, maintenant avec huit étrangers par équipe en Arabie saoudite, il y a des matchs de niveau très intéressant. Pas tous, mais entre les grosses équipes, ça reste intéressant.

On va faire confiance à Kevin De Bruyne pour choisir son avenir, et le plus important, c’est qu’il ait cette envie qu’il continue à jouer, et puis à briller encore avec son équipe nationale.

Vous avez toujours un œil sur le championnat de Ligue 1. Il y a Diego Moreira, qui était un petit peu la surprise de la liste, mais pas pour les observateurs du championnat de France…

Je le prends aussi parce que c’est un binational, et puis c’est pas n’importe quel binational. Il pouvait choisir entre le Portugal et la Belgique, deux grandes nations. Son grand-père et son papa ont été footballeurs, ils ont joué ici en Belgique, ils ont été aussi internationaux. Son grand-père, Helmut Graf, est d’origine allemande, et son papa lui avait décidé de ne pas jouer pour la Belgique, mais de jouer pour une sélection africaine, je crois que c’est la Guinée-Bissau. Le choix était donc cornélien quand même pour Diego.

Depuis que Vincent Mananaert est arrivé avec ses équipes à la tête de la Fédération, on a eu la désagréable surprise de voir qu’il y a quelques joueurs qui ont choisi ou plutôt le Maroc comme Chemsdine Talbi qui joue à Bruges ou la Grèce comme Konstantinos Karetsas qui joue à Genk parce que ces joueurs n’avaient pas été assez considérés par la Belgique et on ne leur avait pas suffisamment fait savoir qu’on voulait vraiment qu’ils jouent avec nous.

Vincent a décidé à juste titre d’essayer de corriger ça, de déjà bien connaître les joueurs qui sont binationaux, il y en a de plus en plus, et ensuite pour ceux dont on estime qu’ils ont le potentiel pour jouer avec l’équipe de Belgique, ce qui est quand même un potentiel assez élevé, de leur faire savoir. C’est pour ça qu’on a eu Diego depuis un moment, Vincent le premier, moi ensuite. On a discuté avec lui, il a aussi discuté évidemment avec son papa et on est ravi qu’il ait choisi de jouer pour la Belgique.

Il est très jeune encore, il a encore besoin de progresser mais le message qu’on lui envoie c’est qu’il est déjà sélectionné et charge à lui ensuite de faire des saisons comme il vient de faire avec le Racing Club de Strasbourg, parce qu’en fait les joueurs, s’ils jouent en club et s’ils se montrent, ils ont toutes les chances d’être en sélection.

Quand on voit le groupe de la Belgique lors des qualifications pour le Mondial, on a tous tendance à se dire, si vous n’êtes pas premier, ce serait un échec. D’autant plus que le premier est qualifié d’office…

Oui, c’est exactement l’objectif qu’on s’est fixé. On ne veut pas jouer de barrage en mars, donc on veut finir premier de la poule en novembre. Il y a huit matchs, il y a 24 points à distribuer. C’est pour ça que je disais tout à l’heure, il faut bien démarrer. Il faut tout faire pour prendre six points sur les deux premiers matchs, de manière à éviter ces barrages de mars et à être qualifié dès novembre et préparer la Coupe du monde.

Je maintiens mes joueurs en éveil. Ils savent très bien qu’il faudra être au meilleur de sa forme collectivement et individuellement, et au meilleur de sa volonté et de son énergie pour gagner ces premiers matchs parce que tout le monde a envie d’aller en Coupe du monde et nos adversaires aussi.

Dans ce métier de sélectionneur, Didier Deschamps a parlé de vous et il a dit que vous l’avais appelé au moment où vous étiez en pleine discussion avec la fédération belge. On se rend compte que c’est quelqu’un que vous appréciez, et comment vous est venue cette idée de l’appeler?

J’ai attendu que ce soit officiel avec la Belgique, et je me suis demandé quels sont les sélectionneurs que je connais qui pourraient me confirmer dans mes idées d’être sélectionneur ou me donner des informations ou des conseils.

Didier évidemment en faisait partie, ça fait quand même je crois 12 ans qu’il est sélectionneur national, il a juste gagné une Coupe du monde et fait une finale de Coupe du monde. C’est évidemment l’un des meilleurs entraîneurs français, si ce n’est le meilleur vu son palmarès.

Je ne l’ai pas seulement appelé, je suis allé le voir. On a discuté et ça m’a confirmé qu’il faut aller à l’essentiel avec une sélection, on n’a pas beaucoup de jours. Ce qui m’a frappé avant l’Ukraine, c’est que j’avais deux jours pour préparer le match aller, deux séances d’entraînement et une seule pour préparer le match retour. C’est quelque chose qui t’oblige à déjà beaucoup travailler à distance, à beaucoup préparer, à beaucoup travailler en vidéo.

J’ai aussi échangé par téléphone avec Walid Regragui, le sélectionneur du Maroc, parce que c’est un peu mon petit. Il a démarré le football avec moi, je l’ai vu grandir, je l’ai accompagné un petit peu et il a fait Ligue 2 et Ligue 1 en France, Santander, Liga espagnole, puis 50 matchs en équipe nationale du Maroc comme joueur de sa sélection. Il est devenu entraîneur national avec le succès et le bonheur qu’on connaît puisqu’il a fait demi-finaliste de la Coupe du monde. J’ai aussi demandé à Walid comment ça se passe pour un sélectionneur au niveau timing, emploi du temps et priorité surtout.

En faisant un peu de science-fiction, vous pourriez affronter la France avec la Belgique. Vous y pensez?

Cela pourrait être marrant d’avoir l’équipe de Belgique en demi-finale, avec l’équipe de France peut-être de Didier Deschamps, le Maroc de Walid Regragui et pourquoi pas le Brésil de Carlo Ancelotti? Cela serait plutôt bien.

Les autres équipes ne vont pas être contentes, mais ça reste de la fiction. On verra bien. Déjà, on n’y est pas en Coupe du monde, il faut déjà s’y qualifier et une fois qu’on sera qualifiés, il sera toujours temps d’afficher nos ambitions et de voir ce qu’on peut y faire.

Roberto de Zerbi, qui a discuté avec vous, a été étonné de vous voir aussi longtemps entraîneur de l’Olympique de Marseille, trois ans. Comment s’est passé cet échange?

Souvent il a été dit que je faisais une année et qu’après je changeais de club mais j’ai juste fait cinq ans à Dijon, cinq ans à Lille, trois ans à l’Olympique de Marseille. Alors à Lyon, c’était un peu plus court parce qu’effectivement il y avait un peu incompatibilité d’humeur pour continuer. Mais à chaque fois que je suis dans un club et c’est ce que je fais avec la sélection nationale de Belgique, je travaille comme si c’était mon dernier engagement professionnel. J’espère rester avec la sélection le plus longtemps possible.

Oui, Marseille est énergivore. Mais c’était bien partout, c’était bien au LOSC, c’était bien à Lyon, c’était bien à Marseille. Et mes expériences à l’étranger, que ce soit bien évidemment Rome, Naples ou même à Al-Nassr, c’était très, très enrichissant.

C’est marrant parce que j’étais à Rome en même temps que Roberto de Zerbi était en mise au vert, en « ritiro », comme ils disent les Italiens, là-bas à Rome et donc il est venu me saluer et ça m’a ça m’a fait sourire quand il m’a dit: « Ah, tu as quand même fait trois ans à l’Olympique de Marseille ». Oui, j’ai fait trois ans et ça m’a beaucoup plu parce qu’on a quand même fait une finale de Coupe d’Europe et qu’on a dû faire 77 points sur un championnat où finalement on a fini quatrième, ça peut arriver aussi de temps en temps.

Propos recueillis par Jean Bommel, à Tubize (Belgique)

Laisser un commentaire