Battus par Chelsea en finale de la Coupe du monde des clubs (3-0), les joueurs du PSG peuvent enfin partir en vacances. Trois petites semaines de coupure, à occuper mais surtout à optimiser. Des spécialistes de la préparation physique et mentale donnent quelques pistes.
Pour son 63e et dernier match officiel de la saison, le PSG a été submergé par Chelsea dimanche soir. Défaits 3-0, les hommes de Luis Enrique vont enfin pouvoir souffler. La reprise est fixée au 4 août au Campus PSG, avant un premier rendez-vous déjà capital dans l’exercice 2025-2026: la Supercoupe d’Europe face à Tottenham, le 13 août à Udine. Mais avant, l’ensemble du groupe aura donc droit à une coupure. Reste désormais à bien la gérer.
« Ils sont obligés d’avoir une coupure. En plus, ça ne sera pas si compliqué que ça de relancer la machine vu que l’arrêt aura été court », estime Frédéric Aubert, préparateur physique, notamment de l’équipe de France féminine de 2013 à 2016. « À la fin d’un match, ne serait-ce que d’une rencontre, les joueurs ont parfois du mal à décompresser et à penser à autre chose », analyse Denis Troch, préparateur mental spécialisé dans le sport.
« Donc il leur faut du temps. J’espère que la fatigue physique, mentale, nerveuse et émotionnelle va leur donner cette possibilité de rapidement passer à des moments de vacances, de liberté qu’ils n’ont pas actuellement. »
L’épuisement serait tel que les Parisiens n’auraient donc pas de mal à se vider la tête. « Il faut couper totalement avec le football pendant une dizaine de jours pour être dans un endroit de repos sur le plan mental avant de reprendre progressivement la course », explique Frédéric Piquionne, ancien attaquant international français. « Il faut peut-être s’appuyer sur d’autres sports, comme le padel, le tennis, le basket, des petites choses ludiques pour reprendre goût au sport. »
« Au moins six semaines » sans match, dans un monde idéal
La question de la durée de la coupure divise toutefois les spécialistes. « Il y a au moins trois semaines de reprise pour remettre à niveau pour la saison d’après, ce qui fait que les joueurs seraient indisponibles au moins six semaines, si on faisait les choses normalement et correctement », avance Jean-Marc Branger, préparateur physique du SM Caen. « Sinon, ils vont aller vers des gros soucis de blessures et de contre-performance en cours de saison. »
Pour anticiper et éviter des conséquences a posteriori, certains préconisent une longue pause. « En réalité, les joueurs ont besoin de couper, de se déconnecter du milieu du foot, mais en gardant cette rigueur dans l’alimentation, dans la récupération », nuance Kévin Roberti, préparateur physique indépendant en charge de footballeurs internationaux.
Reste à savoir si les joueurs vont récupérer sur le plan physique. En plus d’une saison interminable en club, ponctuée de quatre titres, la plupart des joueurs parisiens ont prolongé l’aventure avec leur sélection. Le cas de Bradley Barcola, qui a disputé 73 matchs toutes compétitions confondues cette saison, est symptomatique. L’une des questions est aussi de savoir si le PSG réussira à conserver son collectif. « En trois semaines, on n’a pas le temps de perdre toute cette alchimie », pose Frédéric Piquionne. « C’est vraiment de la régénération. »
« N’importe quel joueur peut enchaîner autant de matchs »
« Je ne pense pas que les joueurs, que ce soit du PSG ou les joueurs professionnels, aient réellement une fatigue physique », prolonge Kévin Roberti. « En réalité, la fatigue est surtout nerveuse. L’enchaînement des matchs, la pression. Le fait de couper durant un mois ne va pas réellement impacter leur physique. » Le préparateur argumente en évoquant la passion des joueurs pour leur sport et leur désir de jouer plutôt que s’entraîner. « Je suis certain qu’un joueur de National a cette capacité à enchaîner autant de matchs. Par contre, à l’intensité à laquelle le fait un joueur comme Hakimi, forcément ce n’est plus le cas. Aujourd’hui, n’importe quel joueur est capable d’enchaîner autant de matchs. Entre un joueur de très haut niveau et un joueur de moins bon niveau, la différence se fait sur le rythme et l’intensité. »
Avec des programmes individualisés dès les premières heures de la reprise, les Parisiens pourront planifier leur retour en forme sur le plan physique. Ce qui pourrait ne pas être suffisant. « Le problème fondamental va être la récupération mentale », note Frédéric Aubert, qui a longtemps œuvré à la FFF. « Après tout gros effort, toute grosse prestation, c’est la dimension mentale qui est la dernière à retrouver son équilibre. Parce que pour le reste, j’ai envie de le dire trivialement: c’est de la chimie, de l’énergétique, du tissu. »
La gestion du début de championnat, un faux problème?
Intouchable jusqu’à sa défaite en finale de Coupe du monde des clubs dimanche, le PSG a acquis une immense confiance collective depuis le début d’année 2025. « Il peut y avoir aussi ce qu’on appelle une décompression, ce qui est somme toute normale, post-résultat et post-saison hors normes », décortique le préparateur mental Frédéric Aubert.
« Mais il y a aussi une possibilité de dépression, ce qui là est un petit peu plus gênant. On va retrouver une équipe ou des joueurs qui pourraient être en dépression. Il y a ce que j’appelle le ‘victory blues’. C’est le fait d’avoir du mal à enchaîner après des victoires qui sortent de l’ordinaire. »
Ce petit coup de blues, les Parisiens le ressentiront peut-être sur les premiers matchs de la prochaine saison. Mais les spécialistes interrogés ne sont pas inquiets. « Le PSG peut très bien faire démarrer des joueurs qui auront été en manque de temps de jeu, des aspirants, des recrues et injecter progressivement dans le championnat les joueurs-clés », poursuit Frédéric Aubert. L’ancien joueur Frédéric Piquionne abonde: « Sur la Ligue des champions, ils feront jouer les titulaires et sur les compétitions plus longues comme la L1, il y aura du turnover », prédit celui qui a porté les couleurs de Rennes et Saint-Etienne notamment.
« La priorité, à mon avis, sera la Champions League », conclut Jean-Marc Branger. « Il faudrait pratiquement avoir deux voire trois équipes, de manière à pouvoir faire tourner les joueurs, pour que certains puissent se concentrer vraiment sur le haut niveau. » Nos interlocuteurs privilégient un début de championnat en douceur pour le PSG, avec une rotation d’effectif très importante pour offrir un peu plus de repos aux cadres. Ce qui pourrait offrir l’opportunité à Luis Enrique et son staff de faire une large revue d’effectif en conditions réelles.