Pour éliminer (1-0, 4-1 tab) ce qui était jusqu’ici la meilleure équipe d’Europe, Liverpool, les Parisiens n’ont jamais cessé de croire en eux et en leur plan, malgré la défaite (0-1) du match aller. Portés par la conviction de Luis Enrique et un peu de superstition, ils ont écrit l’une des plus belles pages européennes du club.
Ce match historique, cette performance jamais réalisée jusqu’ici dans l’histoire de la Coupe d’Europe, le Paris Saint-Germain l’a préparé dès le coup de sifflet final de la défaite (0-1) du match aller. Comme expliqué par RMC Sport, Luis Enrique avait félicité ses joueurs à chaud dans le vestiaire pour leur performance et leur avait entré dans la tête qu’ils réussiraient à se qualifier au retour.
La première graine est semée, même si ce PSG est sûr de sa force. Vitinha, par exemple, ne doutait pas de la capacité de ses coéquipiers à réaliser une grande performance. Les jours qui ont suivi, Luis Enrique a tout mis en place pour l’exploit, sans bouleverser non plus sa manière de fonctionner: un débrief vidéo le lendemain du match aller, des rendez-vous individuels avec les joueurs, un onze remanié contre Rennes, avant de basculer vers ce 11 mars.
Le 11 mars, date chérie
La date n’est pas anodine. Dans le vestiaire parisien, certains avaient fait le lien avec le 11 mars 2015, quand le PSG s’était qualifié à Stamford Bridge au courage, et le 11 mars 2020, quand Paris avait battu Dortmund pour se qualifier, dans un Parc des Princes qui sonnait creux, après une défaite en Allemagne. Un vrai signe du destin dans lequel certains ont puisé hier, notamment Marquinhos, seul rescapé du premier match cité.
Le capitaine, qui a traversé tant de moments difficiles au club, semblait possédé mardi, lors de l’échauffement. Ses consignes ultra-énergiques, qu’il criait en agitant les bras, traduisaient l’importance de ce rendez-vous. Dans le même temps, les 3.000 supporters Parisiens entraient dans leur parcage, après un cortège bruyant, très encadré par les forces de l’ordre, un temps interrompu par l’arrivée du bus de… Liverpool.
Comme l’an passé contre Barcelone, Luis Enrique a répété à ses joueurs qu’ils allaient réussir un grand match pour passer à Anfield, conscient aussi qu’il y aurait plus d’espaces en transition à exploiter pour ses attaquants. Le technicien connaît ces moments : il avait effectué la Remontada en 2017, avant de remonter le Barça l’an passé à Montjuic.
« Ce n’est pas particulièrement que j’aime ces situations, souriait l’Espagnol la veille du match. Tout au long de ma carrière, je me suis rendu compte que parfois les pires situations étaient aussi les plus intéressantes à gérer. »
Ces épisodes ont créé en lui la conviction qu’il pouvait inverser les scénarios, y compris dans les ambiances les plus hostiles. L’expérience de ces grands moments. Kvaratskhelia confiait d’ailleurs que cela avait été un sujet de discussions les heures précédant le match.
Luis Enrique connaît la recette
Sur son banc, le technicien est apparu nerveux durant ce match particulièrement intense, s’agaçant de certaines pertes de balle de Dembélé, de la mauvaise entrée de Lee. Il a même été vu harcelant l’un des médecins du club alors que Nuno Mendes se plaignait du pied gauche.
Mais dans la continuité de son discours, Luis Enrique n’a cessé d’haranguer et d’encourager ses troupes. Joao Neves, qui semblait à bout de souffle en prolongation, est allé chercher un regain d’énergie auprès de son coach.
Les joueurs de champ du PSG ne s’étaient pas préparé spécifiquement à devoir en passer par une séance fatidique. Luis Enrique ne s’en est pas caché. Seul Donnarumma semblait sûr de son fait.
Quelques instants avant de se présenter sur la ligne, le gardien italien s’est d’abord dirigé vers le couloir en appelant à plusieurs reprises l’entraîneur des gardiens, Borja Alvarez. Dans la foulée, il enfilait sa cape de héros pour qualifier le PSG.
Du stress à l’euphorie, Luis Enrique a célébré la victoire avec ses joueurs dans un vestiaire ivre de bonheur. « Allez! », « Ça c’est Paris!! ». « On l’a fait les gars!! », a hurlé Marquinhos.
Les murs ont tremblé, la musique a résonné, dans le vestiaire. Les joueurs ont chaleureusement félicité Donnarumma, élu meilleur joueur de la rencontre. Une sacrée revanche pour celui qui avait été critiqué très durement la semaine passée.
Le staff a savouré à sa façon, en arborant un immense sourire au moment de passer devant les nombreux journalistes. Luis Campos semblait plus mesuré. Le conseiller football du club s’est mêlé à une discussion entre Presnel Kimpembe et Idrissa Gueye, ancien du PSG aujourd’hui à Everton, présent hier au stade.
La prudence de Nasser Al-Khelaïfi
Bondissant, le président, Nasser Al-Khelaïfi, s’est laissé gagner par l’euphorie, à sautiller en tenant son entraîneur par l’épaule. Fier de son équipe et du « projet » qu’il rabâche sans cesse. « On a des jeunes joueurs qui sont très forts, le meilleur coach du monde », jubilait-il après avoir échangé avec Virgil Van Dijk.
Mais tandis que des salariés lâchaient une larme de joie, émus par le scénario de la rencontre, le patron du PSG ramenaient tout ce petit monde sur terre: « On doit rester humbles, ce n’est pas fini. »