Sélectionneur de l’équipe de France depuis 2012, Didier Deschamps confie, dans une interview à Ouest-France, avoir adapté son management en fonction de l’évolution des mœurs et des mentalités en lâchant du lest sur certains points.
Il aborde sa dernière saison comme sélectionneur de l’équipe de France mais il ne veut pas vraiment en entendre parler. Didier Deschamps est trop focalisé sur le début des qualifications des Bleus à la Coupe du monde 2026, vendredi contre l’Ukraine et mardi face à l’Islande, pour se laisser distraire par son cas personnel. Dans une interview à Ouest-France, le patron des Bleus depuis 2012 s’est tout de même livré sur la mutation de son management depuis sa prise de fonction il y a plus de 13 ans. En reconnaissant avoir lâché du lest sur certains points.
« Si on prend l’exemple des téléphones portables dans le vestiaire, à quoi ça sert que je me batte? »
« J’accorde toujours le droit à l’erreur, je mets les joueurs en garde », explique-t-il. « Après, je ne suis pas là pour interdire. Si on prend l’exemple des téléphones portables dans le vestiaire, à quoi ça sert que je me batte alors qu’ils ont la liberté de les utiliser en club ? Cela me sert aussi, car lorsqu’ils ont un problème de santé en club, ils me répondent tout de suite quand j’envoie un message. On n’enlève pas une liberté. Après, il faut poser un cadre. Pour moi, c’est dans le cadre de vie et le cadre de travail. Évidemment, ils ont plutôt tendance à vouloir l’élargir. »
Son approche a également évolué dans sa manière de s’adresser à ses troupes. « Les codes ont changé », constate-t-il. « Ma manière de parler, par exemple, car ils sont différents. J’ai connu des causeries de 45 minutes et c’est long. Aujourd’hui, l’autonomie en face de moi est de 10 minutes. Je vais donc à l’essentiel. Ce qui est important pour moi, c’est de connaître, au-delà des joueurs qui ils sont, l’aspect humain, leur caractère, leur personnalité et leur sensibilité. Ils ont des centres d’intérêt différents, des goûts musicaux aussi (rires). »
« J’ai aussi mes propres émotions »
Le champion du monde 1998 (comme joueur) et 2018 (comme sélectionneur) lève aussi une part de son voile affectif. « Dans le domaine professionnel, l’affect ne doit pas avoir d’influence », conclut-il. « Mais je suis un être humain, même si je ne laisse rien ou peu transparaître et qu’on peut me le reprocher. Et j’ai aussi mes propres émotions. »
Au début du rassemblement lundi, l’ancien entraîneur de Monaco, de la Juventus et de l’OM s’était livré sur les critiques dont il fait parfois l’objet, en réfutant l’idée d’entamer sa tournée d’adieux après avoir annoncé son départ à l’issue de la Coupe du monde 2026. « A un moment, on en a marre de votre tronche, c’est Français », avait-il souri. « J’ai l’impression que je suis en train de faire mes adieux. La dernière année, oui. Après les critiques, il y en a toujours eu. Chacun peut avoir des avis différents, je ne regarde jamais derrière. J’aurais pu faire les choses de manière différente oui. Est-ce que ça serait mieux passé? J’ai des choix, des responsabilités. La vérité d’aujourd’hui ne sera pas la même dans un mois. La sanction, c’est tous les trois jours dans le football. Je suis totalement imperméable à tout ce qui est extérieur. Les joueurs sont plus ou moins sensibles. Je n’ai aucun problème avec les analyses. Il n’y a qu’une ligne à ne pas franchir, si on dépasse le terrain humain, ce n’est pas pareil. Ça ne m’a jamais empêché de dormir et de faire les choses pour le bien de l’équipe de France. »