Les 140 joueurs et joueuses qui font partie du centre de formation du Paris Saint-Germain ont vécu leur rentrée scolaire ce mercredi 27 août, au sein de la ‘cité éducative’ directement implantée sur le campus de Poissy. L’occasion pour Victoriano Melero (directeur général du PSG) de rappeler l’importance qu’accorde le club à l’éducation de ses jeunes talents.
C’était la rentrée des classes, ce mercredi matin, à Poissy. Retour aux terrains de foot pour les jeunes qui font partie du centre de formation du Paris Saint-Germain… mais retour aussi sur les bancs de l’école. Être de grands espoirs du football ne permet pas à ces 140 ados (102 garçons et 38 filles) âgés de 12 à 18 ans d’éviter les stylos et les cahiers. Alors aujourd’hui, habillés aux couleurs du club, tous ont repris le chemin des salles de classe, directement installées sur le campus. « On est un club de foot, mais on est aussi une vraie école », insiste Yohan Cabaye, directeur sportif du centre de formation. « Les parents sont des ‘vrais parents' », ironise-t-il. « On organise des réunions parents-profs… » Et les 95% de réussite au BAC obtenus l’année dernière le pousse à espérer encore mieux. « On est un club qui cherche toujours à être le meilleur partout, en travaillant et en sachant qu’on doit s’améliorer chaque année, chaque saison. C’est notre philosophie, c’est notre mentalité, de l’équipe première aux plus jeunes. »
Un « triple projet » comme leitmotiv
C’est au cœur du campus, juste à côté de la salle de musculation que cette ‘cité éducative’ s’étend, avec ses grandes baies vitrées et ses salles de classes adaptées à chaque cours (laboratoire de sciences…). Cette école est portée par 33 salariés (des professeurs issus de l’éducation nationale pour la plupart) et, dans ses couloirs, deux mots résonnent: « triple projet ».
« L’objectif est d’allier les aspects sportif, éducatif et socio-éducatif », explique Victoriano Melero, directeur général du PSG. « Au Paris Saint-Germain, on a toujours pour obligation de faire plus et de faire mieux. C’est la raison pour laquelle on a décidé d’internaliser la cité éducative, parce qu’on se doit toujours d’être dans l’excellence, et l’excellence, elle n’est pas que sur le terrain. A travers cette ambition, on a aussi la volonté de transmettre des valeurs et de faire en sorte qu’à l’issue de leur passage au centre de formation, toutes ces jeunes filles et ces jeunes garçons deviennent des personnes avec un savoir-être qui sera aussi le reflet et l’image du Paris Saint-Germain. »
« On recrute évidemment des joueuses avec un fort potentiel, qu’on pressent capables de jouer au plus haut niveau au Paris Saint-Germain et de devenir joueuses professionnelles », renchérit Sabrina Delannoy, directrice sportive adjointe de la section féminine, qui suit notamment les 38 joueuses/élèves âgées de 16 à 19 ans. « Mais, à côté de ça, on regarde évidemment beaucoup le savoir-être et on est attentif à quel cursus scolaire elles vont pouvoir poursuivre en parallèle de leur carrière de joueuse de football. »
Et quand on leur demande si certains élèves ne se désintéressent pas rapidement des mathématiques ou du français, la réponse est sans appel: « En fait, il n’y a pas de discussion », tranche Sabrina Delannoy. « Quand on rentre au Paris Saint-Germain, c’est évidemment pour s’entraîner et performer sur le terrain, mais aussi pour avoir au minimum son BAC. Les discours sont très clairs. On n’accepte pas les joueurs ou les joueuses qui n’ont pas la volonté de poursuivre leurs études. Ici, quand on rentre, on accepte le package complet. Évidemment que tous préfèrent être sur le terrain, parce que ce sont des joueurs et des joueuses de foot. Mais ils savent très bien que la partie scolaire n’est pas négociable et que les deux projets sont mis au même niveau. On est aussi très attentifs au pilier socio-éducatif: ici, tous sont dans un cocon, dans une bulle. On a aussi la responsabilité de former de bons citoyens, alors, par exemple, on les fait rencontrer des personnes en situation de handicap ou des enfants malades, pour qu’ils gardent un lien avec la vraie vie. »
« Leur ambition, c’est bien entendu de devenir joueur ou joueuse professionnels. Nous, on a l’obligation de leur fournir les outils, l’éducation, et les diplômes pour pouvoir réussir dans la vie » , conclut Victoriano Melero.
Des salles de classe avec vue sur les terrains de foot
Et réussir dans la vie ne signifie pas forcément réussir dans le foot. Au centre de formation du PSG, on n’hésite pas à aborder les sujets qui fâchent: tous ne deviendront pas footballeurs professionnels, c’est pour cela qu’il est nécessaire d’avoir un plan B. Une réalité parfois dure à accepter pour ces jeunes.
« Dans un projet de développement et de formation, il y a toujours des moments difficiles », estime Yohan Cabaye. « Il y a des moments fantastiques, mais il y a aussi des moments où on perd confiance, où on a envie de tout plaquer. C’est une réalité. On les accompagne en étant le plus honnête possible, le plus transparent, en leur disant: ‘Il se peut que tu n’y arrives pas et, pour ça, il te faut un bagage scolaire. Mais à l’inverse, ça ne veut pas dire que si tu es bon sur le terrain, que si tu y arrives, il ne faut pas aller à l’école.' »
Jade, 17 ans, évolue au poste de latérale droit. Aujourd’hui en terminale (avec les mathématiques et les sciences comme spécialités), elle a intégré le centre de formation il y a deux ans. « Une journée type? On se réveille entre 7h et 8h, le matin on a entraînement, jusqu’à environ 12h30, ensuite on se douche, on mange, et vers 14h30 on rejoint les salles de classe où on enchaîne les cours jusqu’au soir. Ensuite on dîne, on fait nos devoirs, et on dort! »
Une après-midi de lycéenne classique donc, mais avec des salles de cours qui donnent directement sur les terrains, difficile parfois de se concentrer sur les équations. Stéphanie Cormier, professeure de mathématiques, en sait quelque chose. « Si on voit qu’ils sont vraiment distraits, on ferme les rideaux! », rit-elle. Mais la plupart du temps, l’ambiance est studieuse. « On est tous concentrés parce que, pour la plupart, on sait qu’on doit travailler. Moi j’aime beaucoup l’école et de toute façon, non seulement ce n’est même pas sûr qu’on fasse une carrière, mais quoi qu’il arrive elle ne durera pas toute la vie, donc il faut toujours avoir l’école en vue. »
Emmanuel, élève en terminale STMG, partage cet état d’esprit: « Je sais que mon objectif numéro un, c’est d’être footballeur professionnel, de rester au haut niveau, mais que l’école, c’est tout aussi important, et que je me dois d’avoir mes diplômes parce que, si je faisais toutes ces années de cours depuis que je suis rentré à l’école, pour au final ne pas obtenir mon BAC, ce serait un petit échec. »
Et pour ce jeune joueur qui a été repéré alors qu’il jouait au club de foot de Melun, l’environnement scolaire est propice aux bons résultats. « On est entre 5 et 10 par classe, donc c’est plus facile si on a des difficultés, on peut demander au prof. Il n’y a pas trop de monde, pas trop de bruit, tout le monde respecte les autres et le travail des autres. » Mais le foot n’est jamais bien loin. « On a des petits moments d’inattention », admet-il. « On jette un coup d’œil aux terrains, au bâtiment des pros, on se pose plein de questions, on se dit que, nous aussi, on veut aller là-bas. »
Si Stéphanie Cormier loue les effectifs réduits, elle le reconnaît: il est parfois difficile pour ces ados de tout mener de front. « C’est vrai qu’ils sont parfois fatigués avec les entraînements… Et puis, j’enseigne les mathématiques, ce n’est souvent pas la matière phare des élèves… Il faut parfois faire en sorte qu’ils se reconcentrent sur l’école, parce qu’ils ont d’autres intérêts, d’autres préoccupations… C’est difficile pour eux de jongler entre les deux. »