Avant de rencontrer l’Olympique lyonnais samedi à l’occasion du choc de l’Arkema Première Ligue, la milieu de terrain du Paris Saint-Germain Jackie Groenen s’est longuement confiée à RMC Sport. Elle y raconte notamment sa passion pour le judo, elle qui a gagné de nombreux titres dans les catégories de jeunes avant de devoir arrêter à 16 ans alors qu’elle évoluait déjà en D1 allemande.
Elle est arrivée avec quelques minutes de retard au rendez-vous pour l’interview et s’est platement excusée à plusieurs reprises avec le sourire. Disponible pendant plus de trente minutes pour évoquer le projet du Paris Saint-Germain, la milieu de terrain néerlandaise Jackie Groenen fait partie des cadres désormais et s’inscrit dans la durée dans la capitale (arrivée en 2022 et sous contrat jusqu’en 2027). Pour RMC Sport, la championne d’Europe 2017 a évoqué les performances moyennes du PSG cette saison, l’évolution du projet sportif, l’écart avec Lyon, et sa passion pour le judo. Sans détour.
Après plus de la moitié de la saison, le PSG a déjà vécu quelques secousses: élimination en tour préliminaire de Ligue des champions, l’imbroglio autour du capitanat entre Grace Geyoro et Fabrice l’entraineur Fabrice Abriel. Que retenez-vous de cette partie de saison?
On est encore bien placé en championnat mais on doit encore beaucoup progresser. Cette saison est un peu différente de ce que l’on a connu par le passé. Mais on progresse, il y a beaucoup de jeunes joueuses, qui progressent. Il y a eu beaucoup de changements récemment. Du coup, les résultats sont un peu mitigés: on a eu des matches vraiment bons, d’autres matches moins bien. Cela fait partie du football.
L’élimination face à la Juventus Turin a mis du temps à être digérée?
Oui c’est digéré mais c’était un moment marquant pour l’équipe. Ce n’est pas facile à digérer de ne pas être qualifié en Ligue des champions. Personnellement, c’était dur de ne pas pouvoir être sur le terrain pour aider l’équipe. Cela a été dur de basculer mentalement et se projeter sur cette saison à jouer. On va faire tout ce que l’on peut pour y retourner.
« Cette saison est un peu différente de ce que l’on a connu par le passé. Le club cherche de la stabilité. On doit s’adapter en tant que joueuses. »
Il y a eu beaucoup de changements ces dernières saisons, des joueuses sont parties, plusieurs entraineurs se sont succédé. Est-ce difficile de garder une ligne conductrice ?
C’est sûr que ce n’est pas facile. Le club cherche aussi de la stabilité, on cherche la bonne carburation. Mais cela fait partie du foot. On doit s’adapter en tant que joueuses. On met toutes les chances de notre côté et on cherche à progresser. C’est aussi la raison pour laquelle j’ai prolongé au club car je veux de la stabilité et m’inscrire dans la durée à Paris.
Vous disiez lors de votre prolongation que vous avez trouvé une deuxième maison à Paris ?
Oui je me sens vraiment bien ici. Je m’entends bien avec l’équipe, avec le club et le projet. J’habite à Saint-Germain-en-Laye, j’ai tout ce dont j’ai besoin. Je suis proche de ma famille qui n’est qu’à 3,4 heures de voiture. Cela aide aussi. Tout ça cela crée un environnement magique pour moi.
Le directeur sportif Angelo Castellazzi le répète depuis plusieurs mois, le club veut des joueuses qui ont l’identité PSG, qui aiment le club. C’est une des clés de la réussite ?
Oui cela aide toujours. Quand on regarde les grandes équipes qui gagnent des titres, il y a toujours cette base de joueuses qui aiment le club. Quand tu aimes ton club tu veux tout donner toutes les semaines. On a cette base, on a beaucoup de joueuses qui aiment le club, qui veulent progresser pour faire progresser aussi le foot féminin en France et le club évidemment. On va continuer de travailler pour concrétiser tout cela.
Vous disiez que l’équipe a réalisé des bonnes et moins bonnes performances cette saison. Comment vous sentez-vous par rapport au projet de jeu de Fabrice Abriel ?
On se trouve de mieux en mieux sur le terrain, semaine après semaine. On a dû s’adapter après un nouveau changement d’entraineur. On a aussi beaucoup de jeunes joueuses, on doit progresser sur la consistance et la régularité. On progresse bien, on est sur notre projet.
« Lors du match aller, l’écart avec Lyon était grand. J’espère que l’on a eu assez de temps pour progresser, que ce match retour sera meilleur. »
Comment jugez-vous l’écart entre le PSG et l’OL actuellement ?
Il faut être honnête, lors du match aller, l’écart était grand. Lyon était mieux. Leur victoire a été logique. J’espère que l’on a eu assez de temps pour progresser, s’adapter au projet. J’espère que ce match retour sera meilleur, c’est un match important. On va le jouer pour s’imposer. J’espère qu’il y aura moins d’écart qu’au match aller.
Paris peut gagner des titres cette saison ?
Oui bien sûr, on peut gagner un titre cette saison. Même s’il n’y aura pas de Ligue des champions, on joue pour gagner des titres. On est en course en championnat et en Coupe de France. On ne veut pas être arrogants, on va jouer à fond ces deux compétitions, on y va match après match et on verra où cela nous mènera.
Le championnat de France reste-t-il attractif ?
Oui la France est encore attractive. Il y a beaucoup de très bonne joueuses, le niveau technique du championnat est bon. Mais en France, il y a encore beaucoup à faire sur les structures, les stades. On ne joue pas régulièrement dans les grands stades comme en Angleterre. En Angleterre, leur titre européen a beaucoup aidé, et ils surfent dessus. C’est un pays qui vit pour le foot. En France, on doit tendre vers ça même si aujourd’hui on n’est pas sur le même plan. Mais à Paris, on fait beaucoup d’efforts comme pour la réception de Lyon beaucoup de choses ont été mises en place au Parc des Princes. C’est comme ça que l’on va attirer des personnes au stade. J’espère qu’en France on va réussir à attirer beaucoup de familles au stade, c’est un samedi agréable de venir voir du football féminin au stade !
« J’ai toujours voulu faire du haut niveau en judo et en football. »
Pour conclure, avez-vous encore un judogi (tenue de judoka)?
Ah oui ! J’en parlais il y a quelques semaines avec ma famille ! Maintenant j’ai trop peur. Quand j’étais jeune, j’ai gagné beaucoup de titres. J’aime le judo, j’ai encore beaucoup de contacts avec mon ancien entraineur de judo. Le judo c’est une vraie partie de ma vie.
Quand avez-vous décidé d’arrêter le judo au profit du football (ndlr : Jackie Groenen a gagné de nombreux titres en catégories de jeunes dans le judo) ?
Quand j’avais 16 ans, je jouais à Duisbourg en D1 allemande. Le club m’avait autorisé à pratiquer foot et judo. Car j’ai toujours voulu faire du haut niveau sur les deux disciplines. Mais en Coupe des Pays-Bas, je me suis blessée à la hanche en demi-finale. J’étais out pour trois ou quatre mois. Et là le club de Duisbourg m’a dit que je devais choisir car ils ne pouvaient pas se permettre d’avoir une joueuse blessée en dehors du contexte foot. Le football c’était toute ma vie, et le judo plutôt un hobby j’étais toujours avec le ballon depuis petite. Mes meilleures amies viennent du judo, j’adore ce sport.
Vous êtes dans le même club que Teddy Riner !
Oui, il est venu au Campus pour nous aider et nous donner quelques messages avant le match face à Lyon ! Il était en train de partir et j’ai dit: « Non non, j’ai besoin d’une photo! » Je lui ai demandé une photo, c’est la première fois que je demandais une photo ! Il était déjà un grand champion quand j’étais jeune, c’est le meilleur judoka au monde. C’était incroyable de le voir. Je l’ai beaucoup regardé combattre.
Le judo vous aide dans votre pratique du football ?
Oui bien sûr. Pour moi c’est la meilleure combinaison possible quand tu es enfant. J’ai appris la stabilité des appuis, le timing au judo. J’en ai besoin tous les jours sur le terrain. Cela m’a appris beaucoup.