Avec un plein de points en Ligue des champions et une large avance en Premier League, Arne Slot fait des merveilles avec Liverpool alors que sa notoriété était faible avant sa nomination à la place de Jürgen Klopp.
Avant que son nom ne soit évoqué pour la première fois pour prendre la suite de Jürgen Klopp à Liverpool, il fallait être un fin connaisseur du football pour être familier des compétences d’Arne Slot. Après tout, les matchs de son ancien club, Feyenoord, ne passionnaient guère les foules. Même la finale de Ligue Conférence en 2022 contre l’AS Roma à Tirana, où les projecteurs étaient essentiellement braqués sur José Mourinho.
Deux ans et demi plus tard, voilà que cet ancien milieu de terrain correct d’Eredivisie, qui n’entraîne que depuis 2019, se retrouve avec l’étiquette de coach le plus en vue du moment. Son équipe est sur 100% de victoires en Ligue des champions et compte déjà huit points d’avance en tête du championnat anglais.
Quand le choix de l’état-major des Reds se confirme à l’époque, nombreux sont les sceptiques, désireux sans doute de voir Xabi Alonso revenir en costume à Anfield. Jamie Carragher est l’un d’eux. « De Feyenoord à Liverpool, c’est un saut énorme et je pense que cela montre en ce moment qu’il y a probablement une pénurie de managers de haut niveau », avait taclé l’ancien défenseur vedette du club. Dans une chronique pour le Daily Mirror, son ancien coéquipier Robbie Fowler admet même « ne rien savoir du tout sur Slot » et avoir « plongé dans Google » pour en savoir plus.
Un club bien construit
Mais les interrogations ne traduisent pas pour autant de la défiance. « Il s’est bien débrouillé à Feyenoord ces deux dernières saisons, mais seul l’avenir nous dira s’il est capable d’emmener Liverpool vers des sommets plus élevés que ceux atteints par Klopp », précise Robbie Fowler.
En fait, commentateurs et supporteurs s’accordent à dire que le fonctionnement de Liverpool autorise à croire qu’Arne Slot peut réussir et ne pas suivre une trajectoire à la David Moyes, qui était passé après Sir Alex Ferguson. Gary Neville avait insisté à ce propos sur Sky Sports: « Manchester United et Arsenal, lorsqu’ils ont remplacé leur manager, ils ont adopté une approche assez traditionnelle, à l’ancienne, dans laquelle les managers dirigeaient le club. Ils n’avaient pas vraiment de département sportif sous leurs ordres. Ils étaient les chefs du département sportif. Ils étaient à la fois responsables du recrutement, directeurs sportif, managers et entraîneurs. Liverpool a une meilleure organisation, avec plus de profondeur et plus de structure. Il y aura toujours un risque à remplacer Klopp par n’importe qui, mais cela doit se faire ».
Validé par la data
Aidé par la décision précoce de Jürgen Klopp (fin janvier) pour boucler au plus vite la question du coach, le club en profite pour se réorganiser au printemps. Son ancien chef d’orchestre Michael Edwards, aux manettes lors de la moisson de titres en 2019 et 2020, revient dans l’organigramme en tant que dirigeant exécutif. Un nouveau directeur sportif débarque aussi, en la personne de Richard Hughes.
Ils s’attachent à identifier le profil idéal avec l’aide des analystes. L’histoire est racontée par The Athletic: d’abord en disséquant les caractéristiques de l’équipe déjà présente et de sa façon de jouer. Ce qui les amène à chercher un entraîneur capable de jouer un football très rythmé et basé sur la possession. Mais d’autres critères s’ajoutent: travailler avec un directeur sportif, savoir préserver les organismes, faire progresser les joueurs, être à l’aise avec l’exigence des supporteurs. Des indices de performance sont alors élaborés par William Spearman, directeur de la recherche à Liverpool. Comme s’il s’agissait d’une partie de Football Manager grandeur nature, le filtre fait ressortir le nom d’Arne Slot.
Le symbole Gravenberch
Dans ces conditions, Liverpool ne ressent même pas le besoin d’être hyperactif sur le marché. Seul Federico Chiesa débarque. Finalement, le principal changement s’avère être le repositionnement devant la défense du jeune milieu néerlandais Ryan Gravenberch, qui rayonne en double pivot avec Alexis Mac Allister ou Curtis Jones. Les éléments de l’entrejeu jouissent d’une responsabilité accrue dans la construction, ce qui octroie de la liberté aux attaquants, en particulier à Mohamed Salah. L’Égyptien donne l’impression de n’avoir jamais été aussi en forme qu’à présent, avec ses 10 buts et 6 passes décisives en Premier League.
« Quand vous arrivez dans un nouveau club, vous voulez que l’équipe joue le plus vite possible au niveau souhaité, que vos idées soient transmises le plus vite possible », a dit Arne Slot début novembre. « Ce que les équipes de Jürgen et les miennes aiment faire, c’est presser très fort, parfois avec une formation un peu différente, mais l’idée est la même. Et nous aimons tous les deux marquer des buts! Pour moi, il était très important que Liverpool me choisisse pour ma façon de jouer et non pas parce que j’ai gagné le championnat aux Pays-Bas ». Les bons ingrédients font les bonnes recettes.