Résumé & Buts

comment l’OL gère son déplacement à Bakou, en plein conflit diplomatique entre la France et l’Azerbaïdjan

Dans un contexte géopolitique complexe entre la France et l’Azerbaïdjan, l’OL est à Bakou depuis mardi soir pour affronter le Qarabag FK en Ligue Europa (jeudi, 18h45). La délégation tricolore ne se départit pas de sa posture habituelle – la discrétion – au cours d’un séjour qui se terminera dans la foulée du match, avec un décollage programmé dans la nuit de jeudi à vendredi. Tout en prévenant ses supporters qu’ils se déplacent sous leur responsabilité personnelle.

Il y avait eu Denizli (Turquie) en 2002, puis Kazan (Russie) en 2011 ou encore Kiryat Shmona (Israël) à la frontière libanaise en 2012, sans oublier Odessa (Ukraine) en février 2014 au moment de la menace d’annexion de la Crimée, mais aussi Giurgiu (Roumanie) cette même année. À la liste des déplacements « pas comme les autres » de l’OL en Coupe d’Europe, il faudra désormais ajouter ce voyage à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan, en 2024.

Sans tomber dans le thème du « voyage en terre inconnue », celui-ci, avec en ligne de mire le match de Ligue Europa sur le terrain du Qarabag FK jeudi soir (18h45 heure française), a tout de l’expédition complexe.

Cinq heures de vol, trois heures de décalage horaire, et un avion spécial

Par la distance à parcourir, déjà: plus de 4.000 kilomètres. Ainsi, dès le tirage au sort, et pour le plus long déplacement possible en Coupe d’Europe dans cette compétition, les dirigeants lyonnais ont décidé de mettre dans un confort maximum leurs joueurs. Ils ont avancé le départ à l’avant-veille du match, puis pour digérer la longueur du vol (plus de 5 heures) et le décalage horaire (3 heures), c’est à bord d’un avion d’une compagnie spécialisée dans l’affrètement d’appareils « VIP » que les 23 joueurs et le staff ont pris place mardi en début d’après-midi.

Répartis au fond du Boeing 737, venu d’Angleterre le matin, les Lyonnais ont pu récupérer de la séance matinale, faite dans le brouillard de Décines, en s’asseyant dans des fauteuils XXL permettant presque une position à l’horizontale. Parce qu’il faut aussi penser à la suite et au match de Ligue 1 contre Nice (dimanche 17h, au Groupama Stadium), c’est le même avion, resté le temps du séjour à l’aéroport azéri, qui sera utilisé au retour, juste après la rencontre de jeudi soir. Avec le même confort, encore plus appréciable pour un vol de nuit.

Les hommes de Pierre Sage ont ainsi toute la journée de ce mercredi pour se mettre à l’heure locale avant la séance programmée en fin d’après-midi au stade de Bakou – le stade républicain Tofiq-Behramov – qu’utilise aujourd’hui le Qarabag FK, loin de sa terre de naissance, à Agdam dans le Haut-Karabagh. La délégation lyonnaise s’est ainsi baladée sur les bords de la mer Caspienne dans une forme de « décrassage » matinal, en toute tranquillité, sans protection supplémentaire de la part de la police locale, qui s’est contentée mardi soir d’escorter le car amenant les joueurs depuis l’aéroport vers leur hôtel.

Des tensions entre les deux pays, l’OL met ses supporters en garde

Mais forcément, dans ce pays entouré de l’Arménie, de l’Iran, de la Russie et de la Géorgie, la géopolitique de cette région du globe assise sur une poudrière colore d’une teinte particulière ce « simple » affrontement sportif. L’OL a forcément suivi l’actualité diplomatique, qui n’a cessé de se dégrader entre Paris et Bakou avec comme point d’orgue le boycott par la France de la COP29, qui vient de se dérouler du 11 au 22 novembre dans la capitale d’Azerbaïdjan.

Un boycott qui découle d’un accroissement des tensions entre les deux pays, à cause du conflit au Haut-Karabagh (Paris est un soutien de l’Arménie), de l’ingérence azerbaïdjanaise en Nouvelle-Calédonie (où Bakou a tissé des liens avec les indépendantistes kanaks), ou de la récente condamnation d’un ressortissant français à trois ans de prison en Azerbaïdjan… pour un graffiti dans le métro. Sur son site internet, le Quai d’Orsay déconseille d’ailleurs depuis septembre aux Français de se rendre en Azerbaïdjan en raison de « risques d’arrestation, de détention arbitraire et de jugement inéquitable ».

À son arrivée sur le sol local peu après 22h30, mardi soir, l’accueil de la délégation lyonnaise et le passage en douane n’ont toutefois posé aucun problème, quelques joueurs – principalement Alexandre Lacazette – prenant même la pose « selfie » avec des policiers ou des passants dans l’aéroport. Rappelons que la rencontre est placée sous l’égide de l’UEFA, et qu’après avoir accueilli la finale de Ligue Europa 2019, Bakou postule à celle de la Ligue des champions dans les trois ans.

C’est plutôt vers ses supporters – une petite cinquantaine font le déplacement – que vont les préoccupations sécuritaires de l’OL. Ces derniers ont choisi de venir sous leur propre responsabilité, mais le club leur a tout de même adressé un message de prudence. « Compte tenu des difficultés actuelles de déplacement en Azerbaïdjan et des recommandations émanant des autorités françaises, l’Olympique Lyonnais tient à appeler ses supporters à la plus grande vigilance », écrit la formation rhodanienne. « L’OL remercie l’ensemble des supporters de leur soutien indéfectible mais est contraint de déconseiller tout déplacement. Si toutefois certains d’entre vous souhaitent maintenir leur venue, le club fera son possible pour fournir les billets et encourage fortement les supporters concernés à adopter un comportement irréprochable au stade et en ville et ce, pendant toute la durée de leur séjour. Toute incivilité commise sur le sol azerbaïdjanais ne pourra en aucun cas faire l’objet d’un recours auprès de l’OL, de l’ambassade de France à Bakou ou du gouvernement français. »

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